’orage :
c’était tonnant.
Boulangerie :
je demande un pain spécial ; il n’y en a plus. Je
prends autre chose. De l’arrière de la boutique, le boulanger
me hèle avec ce ton de voix qu’on emprunte pour parlera aux
enfants en bas âge, aux animaux ou aux demeurés :
— Et… il ne peut pas revenir dans 5 minutes, le Monsieur ?
Moi, sur le même ton ridicule :
— Ah non, il a trop la flemme, le Monsieur.
Stupeur dans le magasin…
Grosse
filles avec d’énormes chaussures. Elle court.
J’en
veux assez à mes contemporains de ne pas, chaque fois que l’occasion
s’en présente, me féliciter. D’être encore là,
d’être à peu près présentable. Car enfin,
les choses étant ce qu’elles ont, continuer de vivre relève
d'une sorte d’abnégation mêlée de politesse qui
mérite d’être saluée. Ainsi, faute de reconnaissance,
je me vois contraint de déduire que, pour mes contemporains,
l’existence n’est peut-être pas si difficile… ?
Affichette
militant pour la défense des embryons… je me prends à
imaginer une manifestation d’embryons envahissant le centre ville…
La
fille callipyge que dalle.
Un
nain ridicule, c’est un nabot minable.
Rêve :
un homme vit déguisé en cheval. Mal déguisé
(cheval ridicule). Capricieux, despotique, il tyrannise son entourage.
Sa famille notamment. Une jour une jeune femme l’entraîne dans
un bois. Elle l’enjôle. Puis le tue (une balle dans la pommette).
Il y a un moment de flottement puis — elle prend sa place dans
la « dépouille » chevaline, elle prend
sa place dans la famille.
Achille
Parmentier [Rémi Cardon].
Cet
usage de trottinette donne une idée de la gymnastique
mentale effectuée par les marchands et les gens du marketing :
« transgresser » certains clivages basiques
dans les représentations : enfant/adulte, homme/femme,
dedans/dehors, jeune/vieux, ringard/à la mode — l’art
de faire du neuf avec du vieux, simplette heuristique…
Le
sale chat du démon.
Rêve :
je rentre avenue F. Une enveloppe NPAI posée sur une boîte
aux lettres m’intrique : elle est adressée à
Thierry Tillier, au n° 50. J’ignorais que T.T. était notre
voisin ! Je m’y rends : l’appartement est vide, la
porte entrouverte. Il y a surtout des vêtements et des articles
de sport. Plus tard, un homme se moque de pratiques de « ma
femme » (boire de l’urine). Quoique très las, je
le frappe. Il ne se défend pas.
En
mes fesses qui te plaisent.
Pas
tranquille, la petite dame dans sa petite auto, que cerne le ballet
des pelleteuses.
(bus
bondé) : un peu avant l’arrêt, une femme d’un âge
demande à une jeune femme debout près d’elle de se pousser
car elle va descendre au prochain arrêt… La jeune femme répond
qu’elle aussi va descendre. L’autre insiste, la jeune femme lui rétorque
qu’elle pourrait bien rester assise en attendant l’arrêt. L’autre
conclut « vous avez donc réponse à tout ».
Le
maçon habitait dans la petite ruelle.
Poêle
à mazout et femmes à poil.
Lorsque
j’étais enfant, les dessins de Dubout me paraissaient exagérés,
vulgaires ; grotesques. Aujourd’hui, je les trouve réalistes.
Nicolas
sauvagement.
Monde
où l’on qualifie parfois les footballeurs d’artistes,
mais jamais les artistes de footballeurs.
Un
nabot rit : gêne.
Léger
accrochage dans la rue. Aucun dégât matériel mais
les chauffeurs s’insultent, en viennent presque aux mains.
Tintin
et Larry Fleth.
Hier
(reprise du travail). A l ‘arrêt du bus (qui est aussi
le terminus), la lassitude qui s’était emparée de moi
(pendant le trajet j’avais les yeux fermés et tâchais
de deviner où nous étions) s’affirme : envie
de rester dans le bus, prostré, toute la journée, à
refaire le même trajet, et même des jours durant. Rester
la nuit caché et dormir dans le bus, au dépôt.
Evidemment, je n'en fais rien.
On
peut pas être trop fourré aux moules, hein ?
Jeunes
filles se racontent les problèmes (« de mecs »).
Vu d’ici (planète Mars) : aléas minuscules
d’existences imperceptibles. Petits soucis créés de
toutes pièces — pour précisément générer
cette impression d’exister : il se passe quelque chose…
Puis sans transition la jeune fille rapporte les propos de « son
mec » : « il a dit qu’il allait me
foutre dans le coffre de la voiture et me faire la peau à M.
(coin de banlieue désert très mal famé). »
La
naine, à l’arrêt du bus.
Elle discute avec une de ses connaissances. Propos très ordinaires.
Décevant.
Fusil
à lunette, fusil à quéquette (Gromdom).
Bousculant
par mégarde (distrait) une vielle dame [comment passe-t-on
du statut de femme à celui de dame ? une vieille dame,
ç’a autrement de tenue qu’une vieille femme] dans la rue, je
— évidemment m’excuse platement mais
surtout, m’étonne in petto, de l’exceptionnelle robustesse
de la personne : sous le choc, elle n’a pas même bronché !
Célibatteur.
Portables
(encore !) : le gens s’appellent pour parler — de leurs
portables : « tu m’as pas répondu »,
« je t’ai laissé un message », « ça
sonnait occupé », voire (pis) pour discuter de leurs
forfaits (leurs abonnements, pas leurs délits)…
Teinte
1 (Emile : où ?).
Une
de mes premières pensées, le matin, au réveil,
consiste à déterminer « quel jour on est ».
Le jour où on est est l’unité qui sert à
évaluer mon degré de souffrance dans l’échelle
hebdomadaire du salariat : souffrance abjecte le lundi
matin (avec idées de suicide, d’abandon, de drop out) ; espoir
fragile le mercredi, début de jubilation le vendredi. C’est
dire comme j’aime travailler.
Dans
Internet, il y a « terne ».
Rêve :
je me baladais avec deux collègues de bureau. J’avais emporté
un radiocassette sur lequel je passais 666 d’Aprodite’s Child. Je
le pose sur le socle d’un édicule EDF. On continue de marcher.
On croise trois ou autre jeunes délinquants. Le radiocassette
passe le morceau émouvant où Irène Papas halète
et gémit… Je me demande s’ils vont voler mon appareil. La « musique »
crée un climat bizarre. On continue. Je sens les jeunes dans
l’expectative. La campagne devient pentue ; on renonce.
La musique est toujours audible. On traverse des villas. Je renverse
les meubles — en pensant aux Who. De retour en agglomération : des
camions de police. IL a dû se passer quelque chose… Posé
ostensiblement, le radiocassette pouvait passer pour un piège.
Je pensais qu’ils ne le voleraient pas. J’entends une chanson d’Aphrodite’s
Child (D. Roussos) ; une chanson inédite ! Je
cherche l’appareil : il est posé sur un énorme
camion qui s’éloigne vers la zone industrielle. Je cours derrière
en vain. Je cours (pour quoi faire ?) mais le camion s’éloigne.
Je me réveille épuisé.
Les
pompes funestes.
Ho
no ! Red balls hawk (très très mauvais, celui-ci).
Les
employés de mairie cancanent dans le bus. L’un d’eux repéré
depuis des lustres pour son attitude bizarre (il est affecté
de nombreux tics) s’appelle Vincent. Ils spéculent sur le prochain
maire, et ce qu’ils lui demanderont : aménagements
des bureaux, surtout.
Alerte
rouge, alarme blanche.
Le
pathétique absolu de la femme qui, refusant de vieillir, use
de tous les subterfuges : profondément émouvante.
L’homme, qui du reste se trouve rarement (tout au moins jusqu’ici)
en pareille nécessité, est en ce cas nettement moins
touchant.
Léchant
deux mâles — d’aurore…
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