« Bistro Romain ». Au delà du stupide
bégaiement (RORO), cette façon de prendre le potentiel client pour un demeuré, chaque
prix se voyant affublé d’un « ,90 F » à peine visible. Soit, sur un
menu, quatre-vingt-dix centimes de « gagné » ; et mettons 5 francs et 40
sur un repas à la carte. Agacé, je me suis promis de ne jamais y aller.
Pourquoi cet entêtement, le matin, à vouloir me coiffer soigneusement avant
d’enfiler mes vêtements?
Première contribution à une brève tentative de normalisation de la grammaire : les
verbes en « dé ».
Selon un principe qui nous paraît juste, tous les verbes commençant par la syllabe
« dé » devraient proposer la même mécanique significatoire, soit : le
contraire de ce que désigne le verbe « sans dé » explicitement ou
implicitement exprimé. Un exemple simple me fera bien comprendre :
« bander », et « débander ». On saisit bien ici la nécessité
chronologique : x puis dé-x. L’intérêt de cette
démonstration, c’est la régulation. Règles :
— Tout verbe ne commençant pas par « dé » peut (doit) générer un
autre verbe commençant par « dé », dont il sera le suffixe et dont la
signification sera diamétralement opposée. Exemples : mourir / démourir
(au lieu du bête ressusciter) ; manger / démanger (exemple
intéressant : « démanger » signifie maintenant vomir, et non plus
« gratter ») ; marcher / démarcher (s’arrêter de marcher,
et non « rechercher des clients »). On voit l’intérêt salubre de la
méthode.
— Tout verbe commençant par « dé » est le pendant d’un verbe
« sans dé » et dont la signification sera diamétralement opposée. Exemples :
démarrer / marrer (il importera à l’usage de préciser si démarrer
signifie « arrêter de rire » ou si marrer signifie
« stopper »). Ainsi : « Cette histoire de croque-morts m’a
fait démarrer », ou bien « Il marra sa voiture devant un magasin de farces et
attrapes » ; voir ainsi défiler / filer ; débattre / battre ;
démoraliser / moraliser...
On constate bien par là comment notre méthode, outre sa rigueur incontestable, a le
mérite d’enrichir considérablement la langue française. D’autres axiomes
suivront dans de prochaines livraisons.
L’homme qui dort : il ronfle tellement qu’on finit par le tourner ;
non sans difficultés. Là, il étouffe.
Une femme hier soir m’a dit que je sentais « la serpillière ».
La répétition : plus facilement visible lorsqu’il y a contiguïté.
D’ailleurs, sinon...
Devant la gare cet écossais en kilt qui jouait de la cornemuse (il faisait la manche).
Passe sur la place une ambulance pressée. Et l’écossais d’accompagner
impeccablement, à l’unisson le « pin-pon » de la sirène.
Réessayé, pour la nième, pour la xième fois, de lire Ulysse de Joyce. Pas
dépassé la page 35. L’ennui. Trouvé en revanche ce garde page découpé dans du
bristol rose et portant d’un côté, de mon écriture : « [...] de votre poing
fermé, de frapper, environ deux fois par seconde, selon un rythme régulier et
impitoyable, et suffisamment énergiquement, sur la région du cervelet. L’effet est
garanti [...] » et de l’autre, de l’écriture de mon père, me semble-t-il
: « Insomnie, Problèmes, obsessionels [sic] ». Le genre de littérature
qui me convient.
Souvent me revient en mémoire cette anecdote qu’on me dit en Auvergne : dans un
village petit, vivait près de la voie ferrée une famille « en difficulté »,
comme on dit aujourd’hui. Le père se montrait haïssable. A preuve cette manière
qu’il eut, un soir qu’il avait bu davantage qu’à l’ordinaire, de
littéralement éclater contre le mur les petits chats que venait d’adopter une de
ses filles.
Intérêt relatif de posséder une solide culture lexicale. Ou bien ne pas rire à
« Et je me promenais, seul et pensif, sous les carminatives frondaisons ».
L’échoppe (le bureau?) du Loto. Je lis « super-carotte » au lieu de
« super-cagnotte ». Bien déçu, ensuite.
Ce jeu à l’atelier, quand j’étais jeune, de délibérément frôler
l’accident, les doigts dans la machine. Une ordalie en somme.